ECHAPPEES MACEDONIENNES : VERGHINA par Marie-Claude Jardel

Publié le par Les amoureux de la Grèce

 Après un bon repas et un petit intermède typiquement touristique …

 

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  … nous nous rendons sur le site de VERGHINA .

  La Macédoine eut deux capitales : AIGHAI dont  l’emplacement  avait été choisi à la suite d’un oracle rendu par la pythie de DELPHES, puis à partir du  5e siècle av.J.-C., PELLA  (cité où naquit ALEXANDRE le GRAND).

 Les auteurs anciens nous apprennent que tous les pouvoirs avaient été transférés à PELLA mais qu’il avait été décidé qu’AIGHAI resterait le lieu de réception (mariages, cérémonies...) ainsi que le lieu de sépulture de la famille royale.

Si la localisation de la seconde capitale ne faisait aucun doute celle d’AIGHAI fut à l’origine de nombreuses querelles archéologiques.

En 1855  (la  mission HEUZEY) les archéologues découvrirent le  «PALAIS DE PALATITSA» sur une terrasse dominant la plaine de l’ALIAKMON, près du village moderne de  VERGHINA.

 

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Ce palais (datant de la fin du 4e siècle av.J.-C.)  était une vaste construction

de 104,50 x 88,50 mètres, organisée autour d’une cour monumentale de plan carré, entourée d’un large péristyle de seize colonnes doriques. Sur ces quatre côtés, se trouvaient  des  salles de banquets de grandeurs et de formes différentes (l’une étant même circulaire), comme si tout le rez-de-chaussée était consacré aux réceptions.
Ces grandes salles d’apparat à caractères monumentales, aux murs revêtus de stuc et peints, coiffées d’une toiture  de tuiles aux vastes proportions (rendue possible  par l’abondance et la qualité des bois fournis par les forêts macédoniennes où s’approvisionnaient également les chantiers de constructions navales d’ATHENES) présentaient comme à PELLA des sols pavés de mosaïques.   

Telle la mosaïque de la " salle E"  faite de tout petits graviers de rivière, noirs, blancs, rouges et jaunes présentant un décor floral .

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D’une rosace centrale se détachent des tiges sur lesquelles se greffent des feuilles d’acanthe, des volutes et des vrilles.

Chaque angle est orné d’un gros calice de fleur de lotus, associé à un buste féminin

L’existence d’un premier étage est attestée par le départ d’un escalier qui devait desservir les appartements privés. Du côté de la ville le palais était bordé d’un long portique dominant le paysage.

Tant que la découverte de la nécropole royale n’avait pas permis de comprendre que le site de VERGHINA était AIGHAI on s’expliquait mal la présence, à cet endroit, du plus grand palais connu du monde grec. Jusqu’en  1977 la plupart des savants identifiaient la première capitale avec la ville grecque moderne d’EDESSA  mais la découverte des tombes royales par l’archéologue grec M. ANDRONIKOS confirma définitivement VERGHINA comme le site de l’antique capitale Macédonienne.

 M. ANDRONIKOS mis au jour  trois tombes royales près du village actuel de VERGHINA : la plus grande appartenait à PHILIPPE II, la deuxième vraisemblablement au jeune fils d’Alexandre le Grand et la troisième (la TOMBE à SISTE) à une femme. Ces tombes étaient recouvertes d’un immense tertre.


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 Formées d’une salle funéraire carrée (ou THALAMOS au décor peint sur enduit et aux moulures en stuc) avec parfois un vestibule (PROTHALAMOS) ...


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PHOTO 8 ...elles présentaient  pour les  plus luxueuses d’entre elles une façade ornée par des ordres d’appliques (dorique et même parfois ionique) à 1 ou 2 étages où la décoration stuquée et peinte offrait une gamme variée de sujets et de couleurs.     L’ensemble était couvert d’un tumulus de terre dont les dimensions pouvaient être considérables .

 

 

La tombe de PHILIPPE II  serait, d’après le professeur ANDRONIKOS, la plus vaste tombe macédonienne connue à ce jour : non pas seulement  une, mais deux chambres funéraires: "sa façade d’ordre dorique avec deux demi-colonnes entre deux antes, supporte une architrave lisse et une frise à TRIGLYPHES et METOPES" («VERGHINA : HISTOIRE ET ARCHEOLOGIE " KONSTANDINOS FARIDIS)

Cette première frise est surmontée d’une deuxième grande frise ionique sur laquelle est représentée une magnifique scène de chasse datée du  IVe siècle av.J.-C. 

 

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On y distingue encore trois cavaliers et sept chasseurs à pied poursuivant des cerfs, un sanglier et un lion

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PHOTO 10 Sur la gauche un chasseur achève un cerf, alors qu’au-dessus de lui on aperçoit une biche transpercée par une lance. A sa droite un cavalier nu  à côté d’un arbre dont le tronc est orné d’objets fétiches et d’une colonne à quatre faces dont le sommet est couronné de trois statues (peut-être des statues des trois Grâces ?) Cette colonne, ainsi que l’arbre et ses ex-votos, nous informent du caractère sacré de ce site.

Au pied de cette colonne la meute de chiens s’acharne sur un sanglier .

 

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Au centre de la scène se trouve un cavalier en tunique rose. Son cheval se cabre : cette représentation d’un cheval  les deux pattes avant vers le haut  symbolise le vainqueur. Le cavalier porte d’ailleurs une couronne, c’est un des  seuls personnages à être vêtu  (car même si les autres personnages portent une cape, celle-ci vole au vent, et les chasseurs sont donc comme nus), il est jeune et il occupe le centre de la porte (est-ce une représentation du mort ? M. ANDRONIKOS ne partage pas cette opinion).

La partie droite de la scène se passe dans un paysage de montagne  survolée de nuages roses : un homme, une lance tenue à deux mains, pose le pied sur un rocher, il est coiffé d’une POSIA (une coiffe), à ses pieds un molosse. Face à eux se tient un lion posant une de ses pattes sur la tête d’un autre chien.

A l’arrière se tient un autre cavalier, habillé lui aussi, barbu, une hache à la main : pour

M. ANDRONIKOS il s’agit là de la représentation du défunt .

 Au pied de la montagne un homme s’apprête à jeter sa lance sur un ours qui se tient à l’entrée d’une caverne, tenant déjà une lance brisée dans sa gueule.

Enfin le dernier chasseur de cette scène de chasse porte une peau de bête et est coiffé d’un chapeau bizarre. Il tient un filet à la main et à ses pieds repose une bête morte.

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 On ne se trouve pas ici face à la représentation d’une chasse mythologique (comme cela sera le cas à partir d’Alexandre le Grand), mais tous ces jeunes nus sont, en fait, les compagnons du Roi. 

Les peintures sont assurément l’élément le plus spectaculaire des découvertes de VERGHINA car elles nous mettent pour la première fois en rapport direct avec ce grand art perdu qu’était la peinture grecque.

 

PHOTO 17  A l’entrée de la tombe on a retrouvé les restes d’un foyer sur lequel le défunt fut incinéré avec sa couronne   et ses armes ainsi que ses chevaux dont on a retrouvé les mors.

Dans la salle funéraire un sarcophage de marbre à l’intérieur duquel reposait toujours le coffret en or contenant les ossements du roi défunt enveloppés dans un tissu de pourpre. Une fois la crémation achevée, les os avaient été lavés dans du vin, pliés dans ce tissu de pourpre brodé de fils d’or, déposés dans cette urne funéraire.

 Sur le couvercle de ce larnax est représenté en relief le soleil, emblème du royaume de Macédoine, avec ses seize rayons.  PHOTO 16

A l’intérieur de la chambre principale furent retrouvés des offrandes, différents ustensiles accompagnant le défunt 

 

PHOTO 18  vases d’argent, de bronze, amphores, 

 

 cratères , lampes PHOTO 19

 

tête de GORGONE provenant du vestibule   PHOTO 26 

 

PHOTO 20 ainsi que ses armes de fer, le bouclier en or et en ivoire sur lequel était sculptée la massue d’HERACLES,

 

 sa cuirasse de fer décorée de lions d’or  PHOTO 21

 Dans le vestibule de la tombe de PHILIPPE II les archéologues eurent la surprise de retrouver une deuxième tombe, probablement celle de CLEOPATRE, une des épouses du roi, elle aussi reposant dans un sarcophage de marbre.

La tombe dite «tombe du prince » (probablement celle d’Alexandre IV, fils d’Alexandre le Grand) fut retrouvée non loin de celle de PHILIPPE II. De taille plus modeste, mais richement décorée comme cette fresque intérieure représentant une course de chars  .

 

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Les ossements calcinés du prince furent retrouvés dans une HYDRIE en argent  surmontée d’une magnifique couronne de feuilles de chêne et de glands en or. Ce ne furent pas là les seuls trésors retrouvés dans cette tombe : des vases (à parfum ou contenant des huiles parfumées), des bijoux, des armes, des pointes de lances… ainsi que ce fameux lit aux décorations d’or et d’ivoire représentant  des figures humaines.

Quant à la troisième tombe dite « tombe de PERSEPHONE» peu d’objets nous sont parvenus car elle fut pillée durant l’antiquité. Aussi les fresques inspirées de la mythologie nous sont elles précieuses.

La fresque principale représente le rapt de PERSEPHONE par PLUTON le roi des enfers.  C'est probablement l’œuvre du grand peintre de l’époque NICOMAQUE.   

 

  numérisation0004  HERMES court devant le char de PLUTON  tiré par quatre chevaux blancs. PLUTON, tenant d’une main les rênes et son sceptre essaye de son autre main de retenir PERSEPHONE qui tente de lui échapper en levant les bras vers le ciel.

 

 Derrière le char, une amie de PERSEPHONE (elles étaient toutes les deux en train de cueillir des fleurs) esquisse  un geste de peur et de désespoir. numérisation0014

 D’autres tombes ont été découvertes renfermant bien d’autres trésors comme ce décor peint sur le dossier d’un grand trône de marbre (réplique en pierre du mobilier aristocratique que l’on retrouve fréquemment dans les tombes macédoniennes)  retrouvé dans la tombe dite d’EURYDICE (malheureusement pillée) : un homme barbu et une femme sont montés sur un char dont les chevaux s’écartent pour les laisser paraître de face. S’agit-il d’HADES et de PERSEPHONE comme le pensait M. ANDRONIKOS ? ou  s’agit-il de la représentation d’un couple royal ?

 

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La richesse des tombes  (surtout celle de PHILIPPE II ) ne laisse guère de doute sur le caractère exceptionnel de ce site : architecture, peintures, orfèvrerie, objets en argent et en bronze,

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parures en or, travail de l’ivoire, ébénisterie, tous les arts représentés dans ces tombes montrent que la cour de Macédoine fut, depuis le règne de PHILIPPE II, un centre majeur de l’art grec.

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A SUIVRE...

 

Publié dans VOYAGES

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