LE COUP DE COEUR DE MICHELE (La joueuse d'échecs)

La joueuse d’échecs.  
 

BERTINA HENRICHS   Ed Livre de poche n°31041, Ed. Liana Levi


                                          
 B.H.née à Francfort, en 1970 et vit en France depuis quinze ans.

Elle est scénariste de documentaires et de fictions.

La joueuse d’échecs, son premier roman, prix des lecteurs 2008, a été écrit directement en français. Il a rencontré un grand succès en librairie.

Actuellement, il est traduit dans six pays. B.H. était présente à la foire du livre de Brive en 2008.

A ce best-seller de 2005, succède un deuxième roman : That’s all right mama  Ed. Panama  toujours écrit en français. C’est une quête personnelle, un voyage initiatique et structurant, sur fond d’intrigue mélancolique : l’adieu d’une fille à sa mère. Ce n’est plus Naxos, lieu de son premier roman, mais l’univers bariolé  de Graceland   dans les  rues  décadentes du vieux sud américain.

Sa création littéraire fait, de ce premier livre, une petite merveille.
Ce livre, une merveille ? non, un écrin qui ne contient pas une perle, mais  présente un jeu d’échecs caché, savez-vous où ? dans le congélateur. Un jeu d’échecs électronique, jeu de stratégie par excellence, insignifiant en apparence : damier de soixante-quatre cases, des figures blanches et noires avec deux séries de seize pièces de valeurs diverses.

Nous sommes à Naxos donc, île de Grèce, la plus grande des Cyclades : 428 km2, 17093 habitants environ. Naxos, sa capitale, est une petite bourgade.

A son retour de Crète, où il était allé tuer le Minotaure, Thésée aborda dans l’île où il abandonna Ariane, nous raconte la légende.
L’héroïne principale du roman est Eleni, habitant Chora, mariée  à 18 ans   avec un ami d’enfance Panis. Il travaille au garage de son père avec un ami d’enfance, l’Arménien.
Eleni est une bonne épouse, femme modeste, employée à l’hôtel  Dionysos ; il y avait beaucoup de vignes sur cette île. Maria, la propriétaire parlant l’anglais, est satisfaite de son employée  qui s’occupe en bonne professionnelle  de 20 chambres, 40 lits et 80 serviettes blanches.
Elle voyage à sa façon en voyant les touristes. Le couple a deux  enfants : une fille Dimitra et Yannis « bon fils de son père et de sa mère .Les grands-parents maternels vivaient à Halki, petit village naxien.
Leur  fille née dans cette région montagneuse et pauvre quitte l’école à quinze ans.
Son frère part de l’île pour celle de Santorin, toujours « en bon fils », il revient deux à trois fois par an pour les  fêtes  familiales.
Eleni retrouve son ancien professeur de quatre-vingts ans : Kouros  Kouros  habite à Halki ; personnage ascétique et solitaire, grand sage ; est le  deuxième héros du livre. « Pourquoi peupler sa vie d’êtres médiocres, attachants certes mais faibles raisonneurs, quand on a le choix de rendre visite à Platon, Sénèque et Proust ? »
Comme Eleni, qui a une amie fidèle, Katherina célibataire  à la  personnalité falote, Kouros a un vieil ami Andreas.
Depuis trente ans, ils ne se parlaient pas, c’est grâce  au jeu d’échecs  qu’ils se retrouvent.

Les personnages présentés, je tiens à mentionner comment l’auteur a structuré son roman d’une façon remarquable.

C’est de cette chambre d’hôtel  numéro 17, avec un pion intrigant Eleni, le parfum, les rires de ce jeune couple de français qu’elle a rêvé d’une autre existence possible, d’un ailleurs qui la libérera d’elle même  jusqu’à devenir  un « électron » libre.
Sa  passion pour le jeu, elle en est grisée plus que par le vin, lui donnera  une liberté mais à quel prix ! Mensonges, sacrifices, solitude, elle ne paraît même pas  pouvoir échapper à son destin. Elle ira jusqu’à participer à un tournoi d’échecs à Athènes. Son professeur l'aidera.
« Seul l’échiquier existe. Tout le reste est illusion. » Lui-même est transformé, rajeuni ……mais je vous laisse découvrir la fin.

Ces vies si attachantes, ces émotions qu’elles font naître, ce « vertige de l’apprentissage du jeu » font de cet ouvrage qu’il mérite bien  son prix. Il nous inciterait à découvrir Naxos pour ceux qui ne connaîtrait pas cette île. Le lecteur y est transporté avec la mer, les parfums et les habitants.            

« Souvent émouvant, ce portrait de femme a le charme solitaire et ensoleillé des îles  grecques. »  
          
Franck Nouchi Le Monde

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