Conférence sur CHYPRE par Christine DAYRE

Publié le par AFH19

CHYPRE

Par Christine DAYRE 
Conférence du 17 mars 2008

Données géographiques

- extrémité nord du bassin méditerranéen : à 500km de Crète, 400km de Rhodes, 75km des côtes turques, 100km de Syrie d'où son importance stratégique. C'est la pointe la plus avancée de l'Europe dans le monde oriental.

- superficie : 9251km2 (à peine plus grande que la Corse).

- relief : 5 zones différentes d'aspect :

§ Une plaine côtière étroite (3 à 5km de large) bien arrosée.
§ Une arête calcaire aux pentes très fortes (longueur 150km et largeur 3 à 4km) : le Pentadactylos (« 5 doigts »), altitude 1000m.
§ Une large plaine sédimentaire centrale (30 à 50km de large), terre rouge et fertile appelée Mésorée, arrosée par le seul fleuve de l'île : le Pédiéos.
§ Une très haute chaîne de montagnes d'origine volcanique (longueur 80km largeur 30km) le Troodos altitude 1953m.
§ Une zone de colline côtières calcaires se terminant par une étroite bande de plaine côtière.
- Climat Méditerranéen subtropical 340 jours de soleil par an ! Pluies torrentielles en décembre et janvier.
- Végétation : steppe dans la Mésorée. Sur les hauteurs pins d'Alep, arbousiers, et une variété de chêne vert endémique le chêne à feuille d'aulne. Au dessus de 1000m des pins noirs et des cèdres. 17% de Chypre sont couverts par la forêt.

Economie

Elle est essentiellement rurale malgré l'évolution politico économique de ces dernières années. 84% de petits paysans.

Sur les collines :

L'agriculture est traditionnellement méditerranéenne : 2 000 000 d'oliviers pour la consommation locale, 300 000 figuiers, 2 000 000 de caroubiers pour le bétail, l'industrie pharmaceutique ou agro-alimentaire, l'exportation vers la GB. La vigne : principalement des raisons secs pour la GB.

En plaine :

Culture de blé (insuffisant pour la consommation locale), pommes de terre et agrumes (première exportation agricole). Autrefois on trouvait aussi des cultures de type tropical de bananes et cannes à sucre.
Elevage de petit bétail : moutons (400 000), chèvres (310 000) et mulets et ânes pour l'exportation en Orient.

Industrie

Exploitation des matières premières : cuivre (depuis l'Antiquité), fer, amiante, gypse, chrome et exportation vers la GB. Quelques industries agro-alimentaires en villes et un artisanat fait de broderie et du travail du bois dans les villages.

Commerce
Importations de GB pour 1/3. Les autres pays fournisseurs sont Italie, Allemagne et Irak pour le pétrole.
Exportations vers la GB pour la moitié, vers le Liban, le Koweït, la Russie, l'Allemagne, les Pays-Bas et le Barhein.
Le niveau de vie des chypriotes est assez élevé, c'est le plus haut en Méditerranée Orientale après Israël. Le tourisme malgré le contre coup des événements de 1974 contribue à l'équilibre de la balance commerciale.

Histoire de Chypre

L'Antiquité

Son histoire est l'une des plus anciennes du monde. Les premières traces de civilisation remontent à plus de 11000 ans.

Au IXème millénaire. Pendant l'âge de bronze (2500-1050 av JC) l'île est devenue célèbre pour sa production de cuivre (son nom vient peut-être d'un mot archaïque désignant le cuivre.

- Le culte d'Aphrodite :
la légende autour de la naissance d'Aphrodite est contradictoire mais une des versions fait naître la déesse de la beauté et de l'amour à Chypre suite à la mutilation d'Ouranos par un de ses fils Cronos. Celui-ci avec l'aide de ses frères, voulant venger sa mère Gaia et punir son père de ne pas aimer ses enfants, a émasculé Ouranos à l'aide d'une faucille et avant de jeter ses organes génitaux à la mer prés du cap Drépanon (sud ouest de Chypre). Aphrodite serait née de l'écume des flots (d'où son nom « aphros »= écume) et de cette mutilation d'Ouranos. Après avoir abordée sur l'île de Cythère trop petite, elle s'est rendue dans le Péloponnèse avant de s'installer à Paphos dans l'île de Chypre (côte occidentale de l'île). Chypre est devenue ensuite le centre de culte principal de la déesse.

- L'hellénisation de Chypre :
Evénement le plus important à l'âge du bronze : l'arrivée des Mycéniens Achéens, entre le XIIIe et le XI e siècle av JC. Les Achéens s'installent, fondent des cités royaumes sur le modèle de Mycènes et introduisent la culture hellénique, déterminant de façon décisive l'identité culturelle du pays que les futurs chypriotes ne remettront jamais en cause.

- Les conquêtes asiatiques et égyptiennes :
La renommée de Chypre pour ses mines de cuivre et ses forêts dépassait largement ses frontières. Ses richesses naturelles et surtout sa position stratégique en ont fait un centre de discorde entre les puissants de la Méditerranée orientale. A partir du VIIIe et jusqu'en 333 av JC elle est soumise à une domination assyrienne (jusqu'en 650), égyptienne (570 à 546) et perse (546 à
333). Pénétration des phénicien aussi avec la fondation de Cition (l'actuelle Larnaka).

- Le retour de l'hellénisme (333 à 58 av JC) :
Alexandre le Grand  libère l'île des perses avec l'aide d'une flotte chypriote. Après sa mort, les généraux qui lui ont succédé se sont battus pour l'île en raison de sa position stratégique et de ses richesses mais finalement Chypre est intégrée au royaume des Lagides (une dynastie de l'Egypte ptolémaïque). Elle participe aussi de cette manière à la brillante civilisation alexandrine.

- La conquête romaine (58 av JC - 476 ap. JC) :
En 58 Chypre est conquise par les Romains et restera romaine jusqu'à la fin de l'Empire. Paphos devient la capitale. Cicéron en fut le proconsul le plus célèbre. L'île est ensuite christianisée. L'organisation administrative chrétienne y progresse rapidement par la fondation  d'évêchés d'abord, puis d'une église autocéphale (indépendante du Patriarcat d'Antioche, pourtant géographiquement très proche. Antioche= capitale de l'Orient Romain jusqu'au milieu du Ive siècle. Après les premières conquêtes ottomanes qui commencent vers 1050, la juridiction de Constantinople est élevée en tant que Patriarcat et Antioche commence à perdre de nombreux territoires).

 La période Byzantine (476 - 1191)     

Après la chute de l'Empire Romain d'Occident, Chypre déjà rattachée depuis la Tétrarchie (système gouvernemental de l'Empire Romain) à l'Empire Romain d'Orient partage le sort de l'Empire Byzantin.

 Elle connaît au VIIIe et IX e siècles, 24 incursions arabes qui secouent sérieusement sa prospérité, à tel point qu'en 688 Justinien II (Basileus de l'EB)  et le calife Abd-Al-Malik, ignorant les luttes acharnées de leur deux peuples sur le continent, signent un accord qui leur permet de diriger conjointement l'île pendant 300 ans (= condominium).

Mais en 964 grâce à l'intervention militaire de l'empereur byzantin Nicéphore Phokas, elle est enfin à l'abri des razzias. Les XI et XIIeme siècles sont prospères et des villes comme Nicosie, Famagouste et Limassol sont fondées.

En 1185 le dernier empereur byzantin à prendre le contrôle de Chypre est Isaac Comnènes.

Les croisades / la période Lusignan : 1191-1489

C'est à l'occasion des Croisades que fut fondé le Royaume Latin de Chypre.

Au XIIe Siècles Richard Cœur de Lion, roi d'Angleterre, débarque à Limassol en 1191, prend possession de l'île et oblige Isaac de Comnènes à l'aider dans sa croisade contre Saladin.

Saladin, issu d'une famille kurde d'Arménie a fondé la dynastie des Ayyoubides en Egypte et en Syrie. Et malgré le refus des turcs Seldjoukides de le servir sous prétexte qu'il est kurde (déjà !) il devient vizir du Caire en 1169 et permet la relance de l'économie égyptienne. Il restaure le sunnisme (principal courant religieux de l'Islam) et du coup bouleverse la vie des chrétiens coptes égyptiens et des juifs. En cherchant à réunifier Egypte et Syrie il envahit Jérusalem d'où les croisades occidentales.

Richard Cœur de Lion quitte Chypre en 1192 pour St Jean d'Acre en laissant une armée sur place mais suite à des révoltes locales il vend l'île aux Templiers (= ordre religieux et militaire international issu de la chevalerie chrétienne du Moyen Age). Ces Templiers vont eux-mêmes revendre Chypre à Guy de Lusignan qui se proclame roi de Chypre. La dynastie Lusignan va régner sur Chypre jusqu'en 1489.

A partir de 1489 et jusqu'en 1571 Chypre passe aux mains des Vénitiens.

 La période vénitienne 1489 -1571

1464 : Jacques II de Lusignan se débarrasse des Génois grâce à l'argent des Cornaro, une riche famille vénitienne et il épouse Catherine Cornaro. Le contrat de mariage indique que l'île reviendra à Catherine s'il meurt sans héritier ! Ce qui arrive ! Et aussitôt une flotte vénitienne débarque à chypre.

En 1488, après de nombreux tumultes, le Conseil des Dix (tribunal secret de la République de Venise) envoie Giorgio Cornaro, le frère de Catherine à Chypre. Il doit convaincre sa sœur d'abdiquer en faveur de la République de Venise, alors une des puissances économique, commerciale et politique occidentale dont l'influence s'étend sur la quasi-totalité de l'Empire Byzantin en déclin et sur une bonne partie du bassin méditerranéen oriental.
Catherine quitte donc Chypre et son royaume en 1489 pour laisser le champ libre à la République de Venise.
Chypre est assujettie à la seigneurie de Venise. L'Eglise orthodoxe est subordonnée à l'Eglise latine. Etrangers dans un pays qu'ils n'aiment pas les vénitiens gouvernent durement par crainte des soulèvements de la population chypriote (197000 personnes). Malgré la richesse agricole de Chypre à cette époque les famines, dues à la présence envahissante des criquets entraînent les rébellions de la population qui doit aussi supporter un régime féodal drastique avec des impôts d'une grande lourdeur, la réquisition systématique des terres aux paysans, et l'impossibilité de pratiquer leur religion.

Cependant la cohabitation chypriotes/ franques et vénitiens a permis la symbiose culturellement de deux civilisations totalement différentes : celle de Byzance et celle d'Occident qui ont laissé dans l'architecture des traces de leur passage.

 La domination ottomane

Alors que les conquêtes ottomanes ont commencé vers 1050 et que la prise de Constantinople a lieu en 1453, Chypre quant à elle n'est conquise par les Ottomans qu'en 1571.
Elle sera gardée jusqu'en 1878.
La domination ottomane se révèle pour les chypriotes qui se considèrent comme étant des grecs, plus légère que la domination vénitienne.
Certains chypriotes ont même participer aux côtés des ottomans à déloger les vénitiens. Du coup les turcs traitèrent sans pitié les Latins, en revanche ils marquèrent leur considération aux grecs en leur confirmant la liberté de culte, la possession de leurs églises, le droit de propriété et d'héritage et abolirent le servage.
L'Eglise Orthodoxe reçut le privilège d'être l'interlocuteur unique de tous les chrétiens et l'archevêché orthodoxe fut restauré. C'était donc un changement radical et important pour la société chypriote qui en plus vit l'archevêque de Nicosie devenir non seulement le chef religieux de la communauté mais aussi et surtout le représentant politique et national (« ethnarque »).
 En fait Chypre a bénéficié du fait que les ottomans présents sur le territoire byzantin donc au contact des grecs depuis plus de 500 ans, aient laissé à ces derniers la possibilité de s'immiscer dans l'administration de l'Empire et que les résultats en soient une économie  et une prospérité développée.
Malgré tous ces points positifs pour la communauté chypriote, la situation n'est pas idyllique car les ottomans réorganisent l'administration et le gouvernement de l'île passe aux mains de pachas plus ou moins désireux de s'enrichir.
Un recensement est établi afin de savoir quel revenu tirer de l'île et la population en fonction de ses revenus est divisée en trois classes. L'Etat musulman autorise la pratique de la religion orthodoxe à condition que les pratiquants paient une taxe trop lourde pour les plus pauvres qui du coup se convertissent.
Certains pachas n'hésitent pas non plus comme dans le reste de l'Empire Ottoman a augmenté les taxes pour s'enrichir et une situation de misère s'installe.
Des colons turcs commencent aussi à réquisitionner les meilleures terres. D'où des mouvements migratoires vers la Crète, le Péloponnèse, Corfou ou même Venise. Malgré le rapprochement de l'Eglise orthodoxe vers des princes chrétiens, l'Empire ottoman ne fut pas inquiété.
Les années qui suivirent marquèrent la rivalité entre pachas désireux de s'approprier toutes les richesses et l'île connut de nombreux tumultes. Après être passée au rang de « khass » c'est-à-dire fief personnel du Grand Vizir qui la considère comme une de ses possessions personnelles plutôt que province de l'empire, et après avoir subi la piraterie d'ottomans peu scrupuleux, Chypre de 1745 à 1748 redevient une province presque indépendante. Les troubles reprennent très rapidement. L'empire ottoman est également en conflit régulièrement avec la Russie.

Pour des raisons conflictuelles Chypre n'a pas participé au mouvement de libération et d'indépendance de la Grèce. La Porte désirait plus que tout garder cette île située au carrefour de trois continents : Afrique Asie et Europe. Malgré les nombreux soulèvements des chypriotes grecs, pour accéder à leur indépendance, ceux-ci ne furent pas aussi virulents que dans les autres territoires occupés et l'île toute entière resta sous domination turque jusqu'en 1878.


 La domination anglaise : 1878 à 1960

- Chypre : province ottomane sous administration anglaise : 1878 à 1914 :

En contre partie de l'alliance qu'il demandait aux anglais contre la Russie, les ottomans cédèrent Chypre au contrôle de la GB qui souhaitait surveiller la route de Suez (n'oublions pas la présence des français en Egypte à ce moment là). Malgré ce tte nouvelle présence étrangère Chypre reste sous la souveraineté de Contantinople.
Lorsque le Haut-Commissaire britannique débarque le 12 juillet 1878 à Chypre, l'Archevêque Sophronios, qui perdait sa fonction d' »ethnarque » exprima dans son discours de réception, le désir du peuple chypriote d'être rattaché à la Grèce = première formulation de l'Enosis et de « la Grande Idée. Enosis = union. Ce terme fait surtout référence à l'unification de Chypre à la Grèce et il a été un des buts de la politique grecque des affaires étrangères pendant la période 1878-1960. « Nous acceptons ce changement de gouvernement avec d'autant plus de joie que nous croyons que la Grande-Bretagne aidera Chypre comme elle a aidé les îles ioniennes, à s'unir à la mère-patrie, la Grèce... Nous sommes grecs et  nous voulons faire partie de l'Etat hellénique » (extrait du discours d'accueil que fit Sophronios à l'amiral anglais).
    Ce fut le début d'un long malentendu entre britanniques et chypriotes grecs car les anglais ne changèrent rien à l'organisation ottomane ; les postes importants occupés par les turcs passèrent aux mains des anglais et la corruption continua. Ils exclurent les prélats orthodoxes de l'administration. Ils imposèrent leur langue, leurs lois...
    En 1880 bien que toujours membre officiellement à la l'Empire ottoman en décomposition, Chypre est rattachée au ministère des colonies britanniques.
    En 1881 la victoire des libéraux en GB changea un peu les choses puisque le Conseil Législatif de 18 membres se composait de 9 grecs, 3 turcs et 6 anglais, tous autorisés à discuter le budget et à réorganiser la justice.
    L'anglicisation de l'île « appauvrit » la prépondérance de la culture turque. Mais l'économie n'était pas pour autant florissante puisque Chypre n'avait pas d'autonomie budgétaire ; il lui a fallut attendre 1903 pour cette mesure.
    La guerre italo-turque de 1911 qui entraîna l'occupation italienne du Dodécanèse et les guerre balkaniques de 1912-1913 qui entraînèrent l'expansion de la souveraineté grecque enflamment Chypre. Le 8 janvier 1913 une assemblée de notables réunie à Nicosie proclame l'union de Chypre à la Grèce.
1914 :Suite à la déclaration de guerre des ottomans aux alliés, Chypre est année à la GB. En 1915 pour que la Grèce rejoigne les alliés contre l'Allemagne on lui promet Chypre sauf que le roi Constantin dont le cœur penche en faveurs des allemands préfère garder la neutralité et ce contre l'avis de Vénizélos qui souhaiterait mener la guerre aux côtés des alliés. Chypre devra attendre encore son rattachement.
    Les chypriotes demandent en vain le soutien de l'opinion internationale pour l' « enosis » mais ils ne sont pas entendus.
    1925 :Chypre devient une colonie anglaise et commence alors un mouvement en faveur de l'autodétermination qui porte les germes de l'actuel différend gréco-turc. Les grecs veulent une union à la Grèce « enosis » et les turcs veulent une partition : « taksim ».
    1931 1ere grande révolte des chypriotes grecs contre les anglais : « oktovriana », ils incendient le palais du gouverneur.. . d'où une repression totale : liberté suspendue, enseignement de l'histoire grecque interdit car soi-disant subversif...
    En Grèce c'est la guerre civile : les communistes s'opposent aux royalistes qui ont été élus.
Le nouvel archevêque de Chypre Makarios II condamne le communisme et du coup l'AKEL,le parti communiste chypriote connaît un recul important aux élections municipales d 1949.
    En 1950 un référendum organisé par l'épiscopat donne 96% de voix favorables à l'enosis. L'Eglise va continuer à soutenir activement cette tendance. Du coup le gouvernement grec est aussi obligé de prendre des positions fermes et visibles et la question chypriote devient un problème dominant de la vie politique grecque qui sera défendu à l'ONU.
    1955 à 1959
    Des révoltes et des luttes internes ont lieu à Chypre jusqu'en 1959, avec l'emprisonnement à plusieurs reprises de Makarios qui menait le combat.
    Accord de Zurich 11 février 1959 = accord signé entre GB, Grèce et Turquie pour la création d'une république indépendante de Chypre.

    L'indépendance

    Décembre 1959 : Makarios est élu président de la république et le docteur Kuçuk est vice-président. Tous deux forment le pouvoir exécutif avec un droit de veto. Le gouvernement est établi avec deux tiers de membres chypriotes grecs et un tiers de chypriotes trucs. Mais une telle constitution était problématique dans l'organisation des lois, de leur vote...
Les chypriotes grecs envisageaient toujours l' »enosis » et les turcs le «  taksim ». Des incidents violents commencèrent à Nicosie et dans toute l'île (130 morts en 1 semaine dont 108 turcs). L'armée anglaise toujours présente intervint. Mais les turcs quittèrent le gouvernement. Kucuk se prononça pour la partition, la Turquie fit celle qui voulait envahir l'île et le 4 mars 1964 l'ONU décida que le gouvernement de Nicosie c-à-d celui en place était le seul valable. Une force de paix de l'ONU s'installa sur l'île (elle y est toujours). Les violences entre les deux communautés reprirent.
    1967 la Grèce tombe aux mains du régime des colonels soutenu par les Etats-Unis qui ne veulent pas voir le pays dériver vers le communisme. La Turquie elle s'est rapprochée de l'URSS, nous sommes en pleine guerre froide et le monde se divise en deux blocs ou chaque pays doit choisir son « camps ».
    L'ONU avec l'aide des EU demandent aux deux communautés grecque et turque de trouver un nouvel accord pour permettre la création d'un Etat indépendant et souverain.
Les chypriotes turcs sont d'accord mais Ankara ne l'est pas vraiment ; quant aux chypriotes grecs, d'abord convaincu que la seule issue est l' « enosis » commencent à envisager la cohabitation. Le régime des colonels déplait fortement à Makarios qui devient l'ennemi politique à abattre pour les colonels. En 1973 Makarios est réélu mais début juillet 1974 un coup d'état fomenté par les colonels (soutenus par les EU) a lieu à Chypre, Makarios est renversé et doit fuir (vers les EU). Il est remplacé par un président fantoche mis en place par les colonels.
    La Turquie, sous prétexte de protéger sa communauté en profite pour envahir Chypre  le 20 juillet afin de restaurer l'ordre constitutionnel. Mais le 23 juillet la junte est renversée (Caramanlis est élu à Athènes) et l'ONU impose la cessation des hostilités. Mais l'invasion turque est maintenue et l'île est coupée en deux. La République de Chypre se voit amputée de 30% de son territoire.
    Malgré les tractations et les accords signés entre les grecs, les turcs et les chypriotes, le cessez le feu est de courte durée car les turcs continuent l'offensive.
    Intervention militaire de l'ONU appelée ATTILA et fixation d'une ligne de démarcation du même nom qui existe encore aujourd'hui. (voir carte)
    Occupation du nord du territoire par les turcs : 40% de la plus fertile partie de l'île. La capitale Nicosie est coupée en deux et les 200 000 chypriotes grecs qui vivaient dans cette partie doivent immigrer. Situation précaire... cours et devoir.

    Macarios revient au pouvoir et bloque les négociations qui auraient permis l'autonomie du secteur nord.

    Création d'un état turc autonome en février 1975

Malgré les négociations la Turquie renforce sa présence et met en place une structure administrative qui mène à la déclaration de l'état autonome turc, laïque et fédéré en 1983.
La partition de  Chypre devient une réalité.
Depuis des négociations entre les deux communautés ont régulièrement lieu sans aboutissement d'aucune sorte. Pour l'ONU comme pour toute la communauté internationale il s'agit de trouver le meilleur terrain d'entente à la validité de cette partition et non de remettre en cause l'occupation du nord par les turcs. Pourtant la pseudo république Turque de Chypre n'est pas reconnue par la communauté internationale elle ne l'est que par la Turquie.
Les chypriotes grecs continuent de refuser cette occupation et de demander le reglèment du conflit par une intervention ouverte des grandes puissances. Les négociations actuellement menées par la Turquie pour son entrée dans la CEE vont peut-être porter leurs fruits.
    Attitude stérile et intransigeante de Rauf Denttash qui a été réélu à la présidence de la république fantoche turque face aux plans proposés par Kofi Annan en 2003 qui vise la création de deux entités distinctes avec un conseil de l'ordre ayant vue sur les deux républiques indépendantes.
Cette situation empêche l'adhésion de Chypre à l'Union européenne malgré la bonne volonté et l'esprit d'ouverture du président grec précédent : Papadopoulos.
Elections d'un nouveau président en Turquie l'année dernière qui ne s'est pas encore prononcé sur la question chypriote. Et élections aussi à Chypre dans la partie grecque.

    Position internationale de Chypre

- membre des Nations Unies depuis 1960
- membre de toutes les instances spécialisées de l'ONU
- membre du Conseil de l'Europe
- membre du Commonwealth et du mouvement des non alignés
- participe à l'Organisation sur la Sécurité et la Coopération en Europe.
- Accord d'union douanière avec la Communauté européenne
- Depuis 1990 a fait sa demande pour accéder à l'Union européenne car elle entretient de nombreuses relations économiques avec la plupart des pays de l'Union.


Christine DAYRE

Publié dans CONFERENCES

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