PROMENADE EN GRECE suite n°4 par Marie-Claude JARDEL
DELPHES 8 JUIN 2008
Après la visite du monastère byzantin d' HOSIOS LOUKAS, nous voici repartis sur les routes de GRECE en direction du fameux sanctuaire d' APOLLON à DELPHES... la tête pleine... mais, et je dois bien l'avouer , l'estomac vide. Malheureusement pour nous autres pauvres touristes, le car roulait et roulait toujours ! Nous allions devoir patienter. Enfin après un ultime virage notre destination apparut: DELPHES.
DELPHES et son célèbre sanctuaire d' APOLLON, DELPHES et sa PYTHIE... mais aussi et avant tout DELPHES et ses restaurants! Ouf ! nous finissions par croire qu'aucun repas n'avait été inclu dans ce circuit! Il nous fallut alors peu de temps pour descendre du car et c'est d'un pas alerte que nous nous dirigeâmes vers notre déjeuner.
Le menu, nous nous en souciâmes peu,car le paysage qui s'étalait sous nos yeux depuis la terrasse du restaurant retint toute notre attention : par-delà les toits des dernières maisons de la ville, nous pouvions apercevoir ce que les anciens avaient surnommé la MER D'OLIVIERS.Cette forêt sacrée, car propriété exclusive du DIEU, s'étendait du MONT PARNASSE jusqu'au golfe de CORINTHE
Première vision idyllique de la région de DELPHES. Mais, au cours de ce même repas nous allions découvrir, à nos dépens, que la nature en GRECE n'est pas toujours aussi paisible et aimable. A 15H30 ( heure locale ) POSEIDON (surnommé l' EBRANLEUR DE LA TERRE par HOMERE) se rappela à notre bon souvenir et même si après quelques secondes d'interrogation, les conversations reprirent et le repas continua dans la bonne humeur : ce ne fut que le lendemain matin que nous apprîmes par la presse internationale l'ampleur du séisme .
Extrait du journal « LE MONDE » du 8 JUIN 2008
« Un violent séisme d'une magnitude de 6,5 sur l'échelle ouverte de Richter a secoué dimanche la péninsule du Péloponnèse, au sud de la Grèce, faisant au moins deux morts, une vingtaine de blessés et endommageant des dizaines de bâtiments... La secousse, s'est produite à 15h25 locales (12h25 GMT). .. La Grèce est le pays européen où l'activité sismique est la plus forte, avec la moitié des tremblements de terre recensés sur le continent »
Quant à nous, bien reposés et l'estomac plein, nous étions enfin prêts à mettre nos pas dans les traces d'APOLLON.
L'emplacement du site est impressionnant: le sanctuaire est situé au pied des pentes du MONT PARNASSE qui présente de ce côté-ci deux hauteurs considérables (environ 300 mètres de haut chacune), séparées par une brèche étroite. L'une de ces hauteurs est appelée PHLEMBOUKOS (LA FLAMBOYANTE). C'est de cette falaise raconte-t-on qu' ESOPE fut précipité par les DELPHIENS. L'autre est appelée RHODINI (LA ROUSSE). Elles sont connues sous le nom de ROCHES PHEDIRIADES (LES RESPLENDISANTES).
C'est sur le sommet du MONT PARNASSE que demeuraient APOLLON, DIONYSOS et les MUSES, où poètes et musiciens venaient chercher l'inspiration.
L'hiver, dévalant la gorge entre les deux roches, un torrent se jette au pied de la falaise dans un bassin creusé dans le roc : la FONTAINE CASTALIE. Puis traversant la route, il dévale un ravin profond et finit par rejoindre le PLEISTOS, fleuve qui serpente au fond de la vallée de DELPHES, en direction du golfe de CORINTHE situé à une dizaine de kilomètres à vol d'oiseau. Pour pouvoir cultiver le sol, les hommes ont très tôt créé des terrasses soutenues par des murets de pierres. Le sanctuaire d'APOLLON occupe les 5 ou 6 terrasses supérieures.
Et pourtant, ce fut cet endroit escarpé et isolé que les anciens choisirent pour y établir LE SANCTUAIRE qui devait devenir par la suite LE GRAND CENTRE PANHELLENIQUE : c'est-à-dire, un complexe religieux dédié au culte d'une ou plusieurs divinités et partagé par l'ensemble du monde grec.
En Grèce il y a un mythe pour tout : aussi apprend-t-on que c'est ZEUS lui même qui a choisi cet emplacement. Les anciens pensaient que la terre avait la forme d'un disque. Pour en connaître le centre, ZEUS envoya deux de ses animaux favoris (à savoir deux aigles) l'un vers l'est et l'autre vers l'ouest. En se rencontrant ils délimiteraient le centre de la terre. Ils se rejoignirent près du MONT PARNASSE d'où ils repérèrent une pierre très particulière : l'OMPHALOS (ou nombril centre du monde).
Mais que faisait APOLLON à DELPHES ?
D'après PINDARE (poète officiel), APOLLON et sa sœur jumelle la déesse ARTEMIS, naquirent, des amours de ZEUS et de LETO, sur l'île de DELOS (l'ILE FLOTTANTE appelée aussi ORTYGIE, île née d'un coup de trident de POSEIDON). HERA (sœur et épouse légitime de ZEUS) jalouse envoya le serpent PYTHON à la poursuite de LETO à travers le monde entier pour l'empêcher d'accoucher. Aucun lieu « éclairé par le soleil » ne devait accueillir la jeune femme en fuite. Mais celle-ci finit par accoucher à DELOS, d'abord d'ARTEMIS qui aida par la suite sa mère à accoucher d'APOLLON (après 9 jours de douleurs).
Les DIEUX grandissent vite ! Dès le 4ème jour, nourri de nectar et d'ambroisie, APOLLON demanda un arc, des flèches et un glaive à HEPHAISTOS et partit pour le MONT PARNASSE où se trouvait PYTHON.
HYDRIE à figures rouges (480-470 av.J.-C.) musée du VATICAN
Quittant DELOS,APOLLON se dirigea vers le MONT PARNASSE où se cachait le serpent PYTHON. Sur cette représentation c'est le trépied prophétique de la pythie qui transporte APOLLON dans la région de DELPHES (la mer étant symbolisée ici par les dauphins, les poissons et le poulpe).
Selon la légende c'est APOLLON lui même qui prit l'apparence d'un dauphin et guida l'équipage et les passagers d'un navire CRETOIS («experts en choses sacrées») vers DELPHES afin d'en faire les prêtres et les gardiens de son nouveau temple.
APOLLON était aussi le dieu protecteur des marins et des naufragés auxquels il envoyait les vents favorables ou les dauphins providentiels.
Il est représenté ici avec ses attributs coutumiers, à savoir l'arc et les flèches, la lyre et la couronne de laurier.
Grièvement blessé le serpent alla chercher refuge prés de l'oracle de la TERRE -MERE (GAIA) à DELPHES (ville ainsi appelée en l'honneur du monstre DELPHYNE sa compagne) qui y avait installé une prophétesse du nom de DAPHNIS (qui sera transformée en laurier), mais APOLLON l'y poursuivit et le tua près de la fissure sacrée. Il entonna alors le PEAN, l'hymne de la victoire, que les grecs reprendront à chacune de leurs victoires.
Sur cette représentation, on aperçoit à droite APOLLON accroupi sur l'OMPHALOS.Il brandit un arc en direction du serpent PYTHON dressé devant lui.
Devant l'OMPHALOS est représenté le trépied
C'est alors que GA (appelée aussi LA NOIRE ou la SOUTERRAINE) fit appel à ZEUS. Ce dernier ordonna à APOLLON de se purifier de son crime et institua en l'honneur de PYTHON les jeux PYTHIENS que devait présider APOLLON en signe de pénitence.
Cela ne faisait pas l'affaire d' APOLLON. A cette époque dans la région était honoré PAN, le vieux dieu d'ARCADIE aux pieds de bouc. APOLLON le força à lui révéler l'art de la prophétie et put ainsi s'emparer de l' Oracle de DELPHES.
Miraculeusement les trouvailles archéologiques viennent corroborer cette passation de pouvoir et grâce à elles on peut reconstituer aisément l'évolution du sanctuaire.
DELPHES ne fut pas toujours la demeure du DIEU APOLLON ... Certains vestiges (tessons de céramiques) attestent que le site était déjà occupé précédemment par un oracle primitif.
Au 14ème siècle avant Jésus-Christ (à l'époque MYCENIENNE) le site était connu sous le nom de PYTHO, nom que lui donne HOMERE. C'est à cette époque que se développe le culte de GA : la terre. Tout DELPHES lui appartenait : ces idoles en terre cuite (en forme de croissant ou de corne) ont été retrouvées non seulement sur le site de la TERRASSE DE MARMARIA (emplacement où l'on admire encore aujourd'hui la THOLOS D'ATHENA en contrebas du sanctuaire d'APOLLON) mais aussi sur l'ensemble du site du sanctuaire.
Dès la fin de la période MYCENIENNE, le culte d' APOLLON avait remplacé celui de la déesse terre (cela se retrouve au niveau des offrandes : dès la période géométrique 11ème- 9ème siècles avant Jésus-Christ, les petits bronzes votifs représentant des hommes remplacent les idoles féminines).
Mais ce fut surtout aux VIII et VII èmes siècles av.J.-C. que l'extension et la renommée du sanctuaire atteint son apogée : y étaient honorés PAN, DIONYSOS, PAOLLON, LA TERRE- MERE, DEMETER, ARTEMIS, ASCLEPIOS et ATHENA.
Grâce à son oracle : LA PYTHIE, DELPHES devint alors un important centre religieux et intellectuel. Le sanctuaire accroît sa superficie, les édifices et les ex-voto se multiplient. Sa renommée s'étend d' EGYPTE en Espagne, de la CYRENAIQUE jusqu'au fin fond de la MER NOIRE. Point de rencontre de nombreux étrangers (des rois de contrées lointaines viennent consulter la pythie avant tout projet de guerre ou de conquête : MIDIAS de PHRYGIE, les rois de LYDIE...) ainsi que de nombreux grecs venus faire approuver un projet de colonisation ou une entreprise économique .
DELPHES était devenue en quelque sorte un bureau de renseignements, un centre bien documenté sur tous les points de la Méditerranée.
Grâce à la renommée de ses oracles, DELPHES influença l'ensemble du monde grec et devint un grand centre panhellénique. Et paradoxalement en devenant puissant le sanctuaire devint un enjeu politique et fut la cause de 4 guerres sacrées.
Son hégémonie pris fin en 381 apr.J.-C. sous le règne de l'empereur byzantin THEODOSE LE GRAND. Mais prophétiquement quelques années auparavant la pythie avait déjà rendu son dernier oracle. L'histoire en a gardé la trace : « allez dire au roi que le bel édifice est à terre. APOLLON n'a plus de cabane ni de laurier prophétique, la source s'est tarie et l'eau qui parlait s'est tue ».
Mais en fait qu'est-ce qu'un sanctuaire ?
Petites définitions :
- SANCTUAIRE : (appelé aussi HIERON ou TEMENOS) est l'ensemble de l'espace sacré délimité par une enceinte ou PERIBOLE. Cette enceinte isole le sanctuaire du monde extérieur.
- Au centre de cet espace sacré se trouve le TEMPLE, demeure du DIEU (le temple n'était pas, alors, un lieu de réunion pour les fidèles) et l'AUTEL, lieu du sacrifice, des libations et des offrandes. On y trouve aussi un ensemble de constructions : PORTIQUES (pour accueillir les pèlerins), mais aussi, ex-voto, TRESORS, statues, trépieds... autant d'offrandes aux dieux.
- Annexés à la plupart des sanctuaires, un théâtre, un stade, des hôtels pour les pèlerins, des habitations pour les prêtres...
Reconstitution de DELPHES
Notre visite du site débutera par le sanctuaire d'ATHENA PRONAIA, situé en contrebas du temple d' APOLLON. Puis, nous traverserons LA PALESTRE et le GYMNASE, pour rejoindre sur le côté de la route LA FONTAINE CASTALIE et enfin nous emprunterons LA VOIE SACREE qui à travers le sanctuaire d'APOLLON nous conduira au THEATRE et au STADE tout en haut du site.
SITE DU SANCTUAIRE D'ATHENA PRONAIA situé sur la TERRASSE DE MARMARIA ( « les marbres ») : PRONAIA c'est-à-dire celui qui est situé avant le temple d' APOLLON
Durant l'antiquité, ce sanctuaire regroupait plusieurs édifices célèbres dont : - le premier temple dorique d' ATHENA en tuf. Construit vers 510 av.J.-C.
On raconte qu'en 480 av.J.-C. l'avalanche de rochers qui stoppa l'armée perse devant DELPHES causa au temple ses premiers dommages.
Ceux-ci furent aggravés par le tremblement de terre de 373 av.J.-C. qui détruisit aussi une partie du temple d'APOLLON. On reconstruisit vers 360 apr.J.-C. un deuxième temple dorique en calcaire un peu plus à l'ouest , mais de celui-ci, déjà, PAUSANIAS, n'en vit que des ruines.
Le 26 MARS 1905 une avalanche de pierres des PHEDRIADES détruisit ce qui restait encore debout de ce deuxième temple. Sur 15 colonnes retrouvées, 3 subsistent encore de nos jours.
HERODOTE aurait vu les quartiers de roche tombés en 480. De même ceux de 1905 furent laissés sur place.
Ainsi à l'entrée de DELPHES, ATHENA savait frapper les envahisseurs, dut-elle détruire son propre temple.
- LA THOLOS
LA THOLOS ou temple rond dorique d'ATHENA daté de 380 av.J.-C. en marbre blanc du PENTELIQUE.
Il est l'œuvre de THEODORE DE PHOCEE??? (il créa là un modèle qui fut par la suite imité lors de la construction du THYMELEE D'EPIDAURE et du PHILIPPEION D'OLYMPIE
Ce temple rond est situé sur une terrasse artificielle. LA THOLOS reposait sur une grande base circulaire accessible par 3 marches.
Au centre de cette base : LA CELLA entourée d' un premier cercle intérieur de 9 colonnes CORINTHIENNES s'appuyant sur un mur de marbre bleu, le tout entouré d'un PERISTYLE extérieur de 20 colonnes doriques.
Les figures en relief des METOPES représentaient une AMAZONOMACHIE et une CENTAUROMACHIE
Quelle était l'utilité d'un tel temple ? et pourquoi un temple rond ?
S'agissait-il d'ailleurs d'un temple ? car PAUSANIAS, homme très pieux et si minutieux dans sa description des sites lors de son tour de GRECE ne l'évoque même pas.
Plusieurs hypothèses furent avancées :
- un temple ?
- un entrepôt d'armes sacrées ?
- certains scientifiques pensent que l'on y enseignait les mystères en liaison avec l'au-delà, la survie de l'âme, le passage vers la lumière et les CHAMPS ELYSEENS
LE TRESOR DE MASSALIA
530-520 av.J.-C.: soubassement en calcaire du PARNASSE, l'élévation en marbre de PAROS. Ce trésor aurait été offert par les grecs de MARSEILLE, colons PHOCEENS d'ASIE MINEURE, probablement à la suite d'une victoire navale contre les ETRUSQUES et les CARTHAGINOIS (au dire d'HERODOTE)
Au II ème siècle, ce TRESOR devint commun aux MASSALIETES et aux romains qui y auraient dédié un cratère d'or. Au temps de PAUSANIAS, il abritait même des statues d'empereurs.
Mais ce TRESOR n'est pas le seul don des MASSALIETES : on leur devrait aussi une statue du dieu APOLLON ainsi qu'une autre de la déesse ATHENA (déesse qu'ils vénéraient particulièrement jusqu'à la faire figurer sur leur monnaie).
Notre découverte du sanctuaire se poursuivit par LE GYMNASE et la PALESTRE situé non loin de LA THOLOS
Même si LES PYTHIA (jeux en l'honneur de PYTHON rappelez-vous)! étaient renommés pour leurs épreuves musicales et poétiques, s'y déroulaient aussi des épreuves sportives.
On y retrouve donc tout l'équipement traditionnel sportif:une PALESTRE:une cour entourée de colonnes où les athlètes s'entraînaient à la lutte, au pugilat et au saut en longueur.
A l'arrière de la PALESTRE se trouvaient deux couloirs, dont un non couvert.
un GYMNASE daté de 330 av.J.-C., c'est le plus ancien gymnase conservé de GRECE
...il y aurait même eu une piscine.....
et quelque part dans la plaine se trouvait l' HIPPODROME où tous les 4 ans, lors des concours PYTHIQUES, étaient disputées les courses de chars.
C'est au cours d'une de ses courses que triompha, par exemple, L'AURIGE DE POLYZALOS, prince sicilien, dont la représentation trône encore au musée de DELPHES .
A cette époque, les princes de SICILE entretenaient des écuries de courses renommées. Ils remportèrent, par l'intermédiaire des AURIGES ou conducteurs de chars, de nombreuses victoires aux jeux panhelléniques. En effet, la couronne de la victoire revenait au propriétaire du cheval et non au conducteur.
L'AURIGE DE DELPHES (470 av.J.-C. ) est l'une des offrandes offertes au sanctuaire pour commémorer une telle victoire.
Ce conducteur faisait partie d'un groupe en bronze de 4 chevaux, attelés à un char, sur lequel l'aurige se tenait debout.
Cet ensemble devait représenter «le tour de piste triomphal» après la victoire sous les acclamations du public.
De ce groupe, détruit en 373 av.J.-C. il ne reste que le conducteur
L' AURIGE : statue d'1 mètre 80 de haut en bronze coulé en plusieurs pièces (au niveau de la ceinture on peut remarquer les clous rattachant la partie haute de la statue à la partie basse).
Le regard du conducteur est tourné vers la droite regardant peut être le palefrenier qui tenait les rênes du char (on a retrouvé une de ses mains).
Les scientifiques ne connaissent pas réellement le nom du bronzier qui réalisa cette œuvre : ONATAS? GLAUKIAS? CALAMIS? tous fournisseurs habituels des princes siciliens. On avance aujourd'hui le nom de PYTHAGORAS DE SAMOS car les anciens appréciaient beaucoup son sens du détail, par exemple, pour cet AURIGE le détail des nerfs et des veines de ses pieds ainsi que le détail de sa chevelure.
Il porte la XYSTIS (tunique des AURIGES): longue tunique cousue à plis lisses et ceinture très haute maintenue en place dans le dos par 2 cordelettes entrecroisées. La tunique était ainsi plaquée contre le buste et ne pouvait claquer au vent.
Il porte le bandeau des vainqueurs (bouts passés l'un sur l'autre et non encore noués) sur des cheveux mouillés et bouclés
Les yeux étaient en émail blanc et pierres sombres.
Il ne sourit pas.
Les dents étaient d'argile et les lèvres probablement recouvertes de minces feuilles de cuivre ou d'argent
Avant d'arriver au sanctuaire d' APOLLON, nous faisons une petite halte près de la FONTAINE DE CASTALIE à l'ombre d'un platane (celui-là même peut-être dont parlait PAUSANIAS ! !) .
Cette fontaine alimentait en eau la ville antique de DELPHES qui s'étendait entre le sanctuaire d' APOLLON et celui d' ATHENA. Aujourd'hui l'endroit est désert et traversé par la route qui longe brusquement une faille gigantesque au pied des PHEDRIADES : c'est la gorge de CASTALIE.
L' eau de cette fontaine servait aux purifications et aux lustrations pour les prêtres et les pèlerins (on aperçoit d'ailleurs encore quelques marches d'un escalier). Elle avait aussi le don d'inspirer les poètes.
Une deuxième source, plus sauvage se trouvait à l'intérieur, au milieu des rochers et des arbres (les grecs aimaient beaucoup ces endroits secrets car ils pensaient y rencontrer des NYMPHES). Dans cette grotte, se trouvaient des niches à l'intérieur desquelles étaient installées des statues.
Il est à remarquer que le culte d' APOLLON est souvent associé à des sources ou à un dragon : légende de son combat avec PYTHON, un de ses surnoms les plus anciens était APOLLON DRAKAINA, et face à DELPHES se trouvait le site de LAMIA où l'on devait tous les ans sacrifier un beau jeune homme couronné de fleurs à un dragon.
Après cette halte bienvenue, nous prenons enfin la direction du temple d'APOLLON.
Après la visite du monastère byzantin d' HOSIOS LOUKAS, nous voici repartis sur les routes de GRECE en direction du fameux sanctuaire d' APOLLON à DELPHES... la tête pleine... mais, et je dois bien l'avouer , l'estomac vide. Malheureusement pour nous autres pauvres touristes, le car roulait et roulait toujours ! Nous allions devoir patienter. Enfin après un ultime virage notre destination apparut: DELPHES.
DELPHES et son célèbre sanctuaire d' APOLLON, DELPHES et sa PYTHIE... mais aussi et avant tout DELPHES et ses restaurants! Ouf ! nous finissions par croire qu'aucun repas n'avait été inclu dans ce circuit! Il nous fallut alors peu de temps pour descendre du car et c'est d'un pas alerte que nous nous dirigeâmes vers notre déjeuner.
Le menu, nous nous en souciâmes peu,car le paysage qui s'étalait sous nos yeux depuis la terrasse du restaurant retint toute notre attention : par-delà les toits des dernières maisons de la ville, nous pouvions apercevoir ce que les anciens avaient surnommé la MER D'OLIVIERS.Cette forêt sacrée, car propriété exclusive du DIEU, s'étendait du MONT PARNASSE jusqu'au golfe de CORINTHE
Première vision idyllique de la région de DELPHES. Mais, au cours de ce même repas nous allions découvrir, à nos dépens, que la nature en GRECE n'est pas toujours aussi paisible et aimable. A 15H30 ( heure locale ) POSEIDON (surnommé l' EBRANLEUR DE LA TERRE par HOMERE) se rappela à notre bon souvenir et même si après quelques secondes d'interrogation, les conversations reprirent et le repas continua dans la bonne humeur : ce ne fut que le lendemain matin que nous apprîmes par la presse internationale l'ampleur du séisme .
Extrait du journal « LE MONDE » du 8 JUIN 2008
La Grèce secouée par un très fort séisme
« Un violent séisme d'une magnitude de 6,5 sur l'échelle ouverte de Richter a secoué dimanche la péninsule du Péloponnèse, au sud de la Grèce, faisant au moins deux morts, une vingtaine de blessés et endommageant des dizaines de bâtiments... La secousse, s'est produite à 15h25 locales (12h25 GMT). .. La Grèce est le pays européen où l'activité sismique est la plus forte, avec la moitié des tremblements de terre recensés sur le continent »
Quant à nous, bien reposés et l'estomac plein, nous étions enfin prêts à mettre nos pas dans les traces d'APOLLON.
L'emplacement du site est impressionnant: le sanctuaire est situé au pied des pentes du MONT PARNASSE qui présente de ce côté-ci deux hauteurs considérables (environ 300 mètres de haut chacune), séparées par une brèche étroite. L'une de ces hauteurs est appelée PHLEMBOUKOS (LA FLAMBOYANTE). C'est de cette falaise raconte-t-on qu' ESOPE fut précipité par les DELPHIENS. L'autre est appelée RHODINI (LA ROUSSE). Elles sont connues sous le nom de ROCHES PHEDIRIADES (LES RESPLENDISANTES).
C'est sur le sommet du MONT PARNASSE que demeuraient APOLLON, DIONYSOS et les MUSES, où poètes et musiciens venaient chercher l'inspiration.
L'hiver, dévalant la gorge entre les deux roches, un torrent se jette au pied de la falaise dans un bassin creusé dans le roc : la FONTAINE CASTALIE. Puis traversant la route, il dévale un ravin profond et finit par rejoindre le PLEISTOS, fleuve qui serpente au fond de la vallée de DELPHES, en direction du golfe de CORINTHE situé à une dizaine de kilomètres à vol d'oiseau. Pour pouvoir cultiver le sol, les hommes ont très tôt créé des terrasses soutenues par des murets de pierres. Le sanctuaire d'APOLLON occupe les 5 ou 6 terrasses supérieures.
Et pourtant, ce fut cet endroit escarpé et isolé que les anciens choisirent pour y établir LE SANCTUAIRE qui devait devenir par la suite LE GRAND CENTRE PANHELLENIQUE : c'est-à-dire, un complexe religieux dédié au culte d'une ou plusieurs divinités et partagé par l'ensemble du monde grec.
En Grèce il y a un mythe pour tout : aussi apprend-t-on que c'est ZEUS lui même qui a choisi cet emplacement. Les anciens pensaient que la terre avait la forme d'un disque. Pour en connaître le centre, ZEUS envoya deux de ses animaux favoris (à savoir deux aigles) l'un vers l'est et l'autre vers l'ouest. En se rencontrant ils délimiteraient le centre de la terre. Ils se rejoignirent près du MONT PARNASSE d'où ils repérèrent une pierre très particulière : l'OMPHALOS (ou nombril centre du monde).
Mais que faisait APOLLON à DELPHES ?
D'après PINDARE (poète officiel), APOLLON et sa sœur jumelle la déesse ARTEMIS, naquirent, des amours de ZEUS et de LETO, sur l'île de DELOS (l'ILE FLOTTANTE appelée aussi ORTYGIE, île née d'un coup de trident de POSEIDON). HERA (sœur et épouse légitime de ZEUS) jalouse envoya le serpent PYTHON à la poursuite de LETO à travers le monde entier pour l'empêcher d'accoucher. Aucun lieu « éclairé par le soleil » ne devait accueillir la jeune femme en fuite. Mais celle-ci finit par accoucher à DELOS, d'abord d'ARTEMIS qui aida par la suite sa mère à accoucher d'APOLLON (après 9 jours de douleurs).
Les DIEUX grandissent vite ! Dès le 4ème jour, nourri de nectar et d'ambroisie, APOLLON demanda un arc, des flèches et un glaive à HEPHAISTOS et partit pour le MONT PARNASSE où se trouvait PYTHON.
HYDRIE à figures rouges (480-470 av.J.-C.) musée du VATICAN
Quittant DELOS,APOLLON se dirigea vers le MONT PARNASSE où se cachait le serpent PYTHON. Sur cette représentation c'est le trépied prophétique de la pythie qui transporte APOLLON dans la région de DELPHES (la mer étant symbolisée ici par les dauphins, les poissons et le poulpe).
Selon la légende c'est APOLLON lui même qui prit l'apparence d'un dauphin et guida l'équipage et les passagers d'un navire CRETOIS («experts en choses sacrées») vers DELPHES afin d'en faire les prêtres et les gardiens de son nouveau temple.
APOLLON était aussi le dieu protecteur des marins et des naufragés auxquels il envoyait les vents favorables ou les dauphins providentiels.
Il est représenté ici avec ses attributs coutumiers, à savoir l'arc et les flèches, la lyre et la couronne de laurier.
Grièvement blessé le serpent alla chercher refuge prés de l'oracle de la TERRE -MERE (GAIA) à DELPHES (ville ainsi appelée en l'honneur du monstre DELPHYNE sa compagne) qui y avait installé une prophétesse du nom de DAPHNIS (qui sera transformée en laurier), mais APOLLON l'y poursuivit et le tua près de la fissure sacrée. Il entonna alors le PEAN, l'hymne de la victoire, que les grecs reprendront à chacune de leurs victoires.
Sur cette représentation, on aperçoit à droite APOLLON accroupi sur l'OMPHALOS.Il brandit un arc en direction du serpent PYTHON dressé devant lui.
Devant l'OMPHALOS est représenté le trépied
C'est alors que GA (appelée aussi LA NOIRE ou la SOUTERRAINE) fit appel à ZEUS. Ce dernier ordonna à APOLLON de se purifier de son crime et institua en l'honneur de PYTHON les jeux PYTHIENS que devait présider APOLLON en signe de pénitence.
Cela ne faisait pas l'affaire d' APOLLON. A cette époque dans la région était honoré PAN, le vieux dieu d'ARCADIE aux pieds de bouc. APOLLON le força à lui révéler l'art de la prophétie et put ainsi s'emparer de l' Oracle de DELPHES.
Miraculeusement les trouvailles archéologiques viennent corroborer cette passation de pouvoir et grâce à elles on peut reconstituer aisément l'évolution du sanctuaire.
DELPHES ne fut pas toujours la demeure du DIEU APOLLON ... Certains vestiges (tessons de céramiques) attestent que le site était déjà occupé précédemment par un oracle primitif.
Au 14ème siècle avant Jésus-Christ (à l'époque MYCENIENNE) le site était connu sous le nom de PYTHO, nom que lui donne HOMERE. C'est à cette époque que se développe le culte de GA : la terre. Tout DELPHES lui appartenait : ces idoles en terre cuite (en forme de croissant ou de corne) ont été retrouvées non seulement sur le site de la TERRASSE DE MARMARIA (emplacement où l'on admire encore aujourd'hui la THOLOS D'ATHENA en contrebas du sanctuaire d'APOLLON) mais aussi sur l'ensemble du site du sanctuaire.
Dès la fin de la période MYCENIENNE, le culte d' APOLLON avait remplacé celui de la déesse terre (cela se retrouve au niveau des offrandes : dès la période géométrique 11ème- 9ème siècles avant Jésus-Christ, les petits bronzes votifs représentant des hommes remplacent les idoles féminines).
Mais ce fut surtout aux VIII et VII èmes siècles av.J.-C. que l'extension et la renommée du sanctuaire atteint son apogée : y étaient honorés PAN, DIONYSOS, PAOLLON, LA TERRE- MERE, DEMETER, ARTEMIS, ASCLEPIOS et ATHENA.
Grâce à son oracle : LA PYTHIE, DELPHES devint alors un important centre religieux et intellectuel. Le sanctuaire accroît sa superficie, les édifices et les ex-voto se multiplient. Sa renommée s'étend d' EGYPTE en Espagne, de la CYRENAIQUE jusqu'au fin fond de la MER NOIRE. Point de rencontre de nombreux étrangers (des rois de contrées lointaines viennent consulter la pythie avant tout projet de guerre ou de conquête : MIDIAS de PHRYGIE, les rois de LYDIE...) ainsi que de nombreux grecs venus faire approuver un projet de colonisation ou une entreprise économique .
DELPHES était devenue en quelque sorte un bureau de renseignements, un centre bien documenté sur tous les points de la Méditerranée.
Grâce à la renommée de ses oracles, DELPHES influença l'ensemble du monde grec et devint un grand centre panhellénique. Et paradoxalement en devenant puissant le sanctuaire devint un enjeu politique et fut la cause de 4 guerres sacrées.
Son hégémonie pris fin en 381 apr.J.-C. sous le règne de l'empereur byzantin THEODOSE LE GRAND. Mais prophétiquement quelques années auparavant la pythie avait déjà rendu son dernier oracle. L'histoire en a gardé la trace : « allez dire au roi que le bel édifice est à terre. APOLLON n'a plus de cabane ni de laurier prophétique, la source s'est tarie et l'eau qui parlait s'est tue ».
Mais en fait qu'est-ce qu'un sanctuaire ?
Petites définitions :
- SANCTUAIRE : (appelé aussi HIERON ou TEMENOS) est l'ensemble de l'espace sacré délimité par une enceinte ou PERIBOLE. Cette enceinte isole le sanctuaire du monde extérieur.
- Au centre de cet espace sacré se trouve le TEMPLE, demeure du DIEU (le temple n'était pas, alors, un lieu de réunion pour les fidèles) et l'AUTEL, lieu du sacrifice, des libations et des offrandes. On y trouve aussi un ensemble de constructions : PORTIQUES (pour accueillir les pèlerins), mais aussi, ex-voto, TRESORS, statues, trépieds... autant d'offrandes aux dieux.
- Annexés à la plupart des sanctuaires, un théâtre, un stade, des hôtels pour les pèlerins, des habitations pour les prêtres...
Reconstitution de DELPHES
Notre visite du site débutera par le sanctuaire d'ATHENA PRONAIA, situé en contrebas du temple d' APOLLON. Puis, nous traverserons LA PALESTRE et le GYMNASE, pour rejoindre sur le côté de la route LA FONTAINE CASTALIE et enfin nous emprunterons LA VOIE SACREE qui à travers le sanctuaire d'APOLLON nous conduira au THEATRE et au STADE tout en haut du site.
SITE DU SANCTUAIRE D'ATHENA PRONAIA situé sur la TERRASSE DE MARMARIA ( « les marbres ») : PRONAIA c'est-à-dire celui qui est situé avant le temple d' APOLLON
Durant l'antiquité, ce sanctuaire regroupait plusieurs édifices célèbres dont : - le premier temple dorique d' ATHENA en tuf. Construit vers 510 av.J.-C.
On raconte qu'en 480 av.J.-C. l'avalanche de rochers qui stoppa l'armée perse devant DELPHES causa au temple ses premiers dommages.
Ceux-ci furent aggravés par le tremblement de terre de 373 av.J.-C. qui détruisit aussi une partie du temple d'APOLLON. On reconstruisit vers 360 apr.J.-C. un deuxième temple dorique en calcaire un peu plus à l'ouest , mais de celui-ci, déjà, PAUSANIAS, n'en vit que des ruines.
Le 26 MARS 1905 une avalanche de pierres des PHEDRIADES détruisit ce qui restait encore debout de ce deuxième temple. Sur 15 colonnes retrouvées, 3 subsistent encore de nos jours.
HERODOTE aurait vu les quartiers de roche tombés en 480. De même ceux de 1905 furent laissés sur place.
Ainsi à l'entrée de DELPHES, ATHENA savait frapper les envahisseurs, dut-elle détruire son propre temple.
- LA THOLOS
LA THOLOS ou temple rond dorique d'ATHENA daté de 380 av.J.-C. en marbre blanc du PENTELIQUE.
Il est l'œuvre de THEODORE DE PHOCEE??? (il créa là un modèle qui fut par la suite imité lors de la construction du THYMELEE D'EPIDAURE et du PHILIPPEION D'OLYMPIE
Ce temple rond est situé sur une terrasse artificielle. LA THOLOS reposait sur une grande base circulaire accessible par 3 marches.
Au centre de cette base : LA CELLA entourée d' un premier cercle intérieur de 9 colonnes CORINTHIENNES s'appuyant sur un mur de marbre bleu, le tout entouré d'un PERISTYLE extérieur de 20 colonnes doriques.
Les figures en relief des METOPES représentaient une AMAZONOMACHIE et une CENTAUROMACHIE
Quelle était l'utilité d'un tel temple ? et pourquoi un temple rond ?
S'agissait-il d'ailleurs d'un temple ? car PAUSANIAS, homme très pieux et si minutieux dans sa description des sites lors de son tour de GRECE ne l'évoque même pas.
Plusieurs hypothèses furent avancées :
- un temple ?
- un entrepôt d'armes sacrées ?
- certains scientifiques pensent que l'on y enseignait les mystères en liaison avec l'au-delà, la survie de l'âme, le passage vers la lumière et les CHAMPS ELYSEENS
LE TRESOR DE MASSALIA
530-520 av.J.-C.: soubassement en calcaire du PARNASSE, l'élévation en marbre de PAROS. Ce trésor aurait été offert par les grecs de MARSEILLE, colons PHOCEENS d'ASIE MINEURE, probablement à la suite d'une victoire navale contre les ETRUSQUES et les CARTHAGINOIS (au dire d'HERODOTE)
Au II ème siècle, ce TRESOR devint commun aux MASSALIETES et aux romains qui y auraient dédié un cratère d'or. Au temps de PAUSANIAS, il abritait même des statues d'empereurs.
Mais ce TRESOR n'est pas le seul don des MASSALIETES : on leur devrait aussi une statue du dieu APOLLON ainsi qu'une autre de la déesse ATHENA (déesse qu'ils vénéraient particulièrement jusqu'à la faire figurer sur leur monnaie).
DES ELEVES TRES ATTENTIFS !
Notre découverte du sanctuaire se poursuivit par LE GYMNASE et la PALESTRE situé non loin de LA THOLOS
Même si LES PYTHIA (jeux en l'honneur de PYTHON rappelez-vous)! étaient renommés pour leurs épreuves musicales et poétiques, s'y déroulaient aussi des épreuves sportives.
On y retrouve donc tout l'équipement traditionnel sportif:une PALESTRE:une cour entourée de colonnes où les athlètes s'entraînaient à la lutte, au pugilat et au saut en longueur.
A l'arrière de la PALESTRE se trouvaient deux couloirs, dont un non couvert.
un GYMNASE daté de 330 av.J.-C., c'est le plus ancien gymnase conservé de GRECE
...il y aurait même eu une piscine.....
et quelque part dans la plaine se trouvait l' HIPPODROME où tous les 4 ans, lors des concours PYTHIQUES, étaient disputées les courses de chars.
C'est au cours d'une de ses courses que triompha, par exemple, L'AURIGE DE POLYZALOS, prince sicilien, dont la représentation trône encore au musée de DELPHES .
A cette époque, les princes de SICILE entretenaient des écuries de courses renommées. Ils remportèrent, par l'intermédiaire des AURIGES ou conducteurs de chars, de nombreuses victoires aux jeux panhelléniques. En effet, la couronne de la victoire revenait au propriétaire du cheval et non au conducteur.
L'AURIGE DE DELPHES (470 av.J.-C. ) est l'une des offrandes offertes au sanctuaire pour commémorer une telle victoire.
Ce conducteur faisait partie d'un groupe en bronze de 4 chevaux, attelés à un char, sur lequel l'aurige se tenait debout.
Cet ensemble devait représenter «le tour de piste triomphal» après la victoire sous les acclamations du public.
De ce groupe, détruit en 373 av.J.-C. il ne reste que le conducteur
L' AURIGE : statue d'1 mètre 80 de haut en bronze coulé en plusieurs pièces (au niveau de la ceinture on peut remarquer les clous rattachant la partie haute de la statue à la partie basse).
Le regard du conducteur est tourné vers la droite regardant peut être le palefrenier qui tenait les rênes du char (on a retrouvé une de ses mains).
Les scientifiques ne connaissent pas réellement le nom du bronzier qui réalisa cette œuvre : ONATAS? GLAUKIAS? CALAMIS? tous fournisseurs habituels des princes siciliens. On avance aujourd'hui le nom de PYTHAGORAS DE SAMOS car les anciens appréciaient beaucoup son sens du détail, par exemple, pour cet AURIGE le détail des nerfs et des veines de ses pieds ainsi que le détail de sa chevelure.
Il porte la XYSTIS (tunique des AURIGES): longue tunique cousue à plis lisses et ceinture très haute maintenue en place dans le dos par 2 cordelettes entrecroisées. La tunique était ainsi plaquée contre le buste et ne pouvait claquer au vent.
Il porte le bandeau des vainqueurs (bouts passés l'un sur l'autre et non encore noués) sur des cheveux mouillés et bouclés
Les yeux étaient en émail blanc et pierres sombres.
Il ne sourit pas.
Les dents étaient d'argile et les lèvres probablement recouvertes de minces feuilles de cuivre ou d'argent
Avant d'arriver au sanctuaire d' APOLLON, nous faisons une petite halte près de la FONTAINE DE CASTALIE à l'ombre d'un platane (celui-là même peut-être dont parlait PAUSANIAS ! !) .
Cette fontaine alimentait en eau la ville antique de DELPHES qui s'étendait entre le sanctuaire d' APOLLON et celui d' ATHENA. Aujourd'hui l'endroit est désert et traversé par la route qui longe brusquement une faille gigantesque au pied des PHEDRIADES : c'est la gorge de CASTALIE.
L' eau de cette fontaine servait aux purifications et aux lustrations pour les prêtres et les pèlerins (on aperçoit d'ailleurs encore quelques marches d'un escalier). Elle avait aussi le don d'inspirer les poètes.
Une deuxième source, plus sauvage se trouvait à l'intérieur, au milieu des rochers et des arbres (les grecs aimaient beaucoup ces endroits secrets car ils pensaient y rencontrer des NYMPHES). Dans cette grotte, se trouvaient des niches à l'intérieur desquelles étaient installées des statues.
Il est à remarquer que le culte d' APOLLON est souvent associé à des sources ou à un dragon : légende de son combat avec PYTHON, un de ses surnoms les plus anciens était APOLLON DRAKAINA, et face à DELPHES se trouvait le site de LAMIA où l'on devait tous les ans sacrifier un beau jeune homme couronné de fleurs à un dragon.
Après cette halte bienvenue, nous prenons enfin la direction du temple d'APOLLON.